Nous avons eu le plaisir mardi 24 avril 2001 de visiter le Musée Départemental de l'Oise, nouvellement réaménagé. La visite était conduite par Mademoiselle Josette Galiègue, conservatrice du Musée, qui nous a ensuite présenté la prochaine grande exposition du Musée, Henri Le Sidaner en son jardin de Gerberoy.

 
Conférence sur l'exposition
Henri Le Sidaner
En son jardin de Gerberoy
16 mai - 7 octobre 2001
 
Mademoiselle Galiègue lors de la conférence

Présentation de l'exposition

Le Musée départemental de l'Oise consacre une exposition à Henri Le Sidaner (1862-1939) et au jardin qu'il a créé dans sa maison de Gerberoy (à vingt cinq kilomètres au nord-ouest de Beauvais).

L'artiste découvre Gerberoy, ancienne place forte du Beauvaisis, en 1901 et est immédiatement séduit : " J'ai connu l'étonnante surprise de pénétrer en l'ancienne petite ville, un peu somnolente, mais imprégnée du charme de son passé. " Il y fixe son cadre de vie, s'attache à la renaissance et à la préservation du site en préconisant la mise en valeur des maisons, des allées et des espaces publics. Surtout, Le Sidaner y réalise pour sa propre délectation un jardin qui ne ressemble à aucun autre, nourri de ses voyages en Angleterre et en Italie et de sa passion créatrice.

En 1928, le poète Camille Mauclair (qui s' " illustrera ", hélas, ultérieurement par ses prises de positions xénophobes) publie un ouvrage important sur le peintre et en intitule le cinquième et dernier chapitre : Le poème de Gerberoy (qui décrit précisément le jardin et la maison) " Ce jardin et cette maison, il les compose selon son rêve, comme ses tableaux qui en naîtront. Tout son travail est là. Il y a identification sereine entre sa demeure et sa pensée ".

S'appuyant sur les strophes de ce poème, l'exposition propose en une quarantaine de tableaux, vingt dessins et lithographies, provenant de collections publiques et privées, une promenade dans l'univers plastique de Le Sidaner. Des photographies anciennes, réalisées pour la plupart avant 1914, permettent aussi de découvrir l'intérêt du peintre pour l'art du jardin.

Après une enfance passée dans la luxuriante Ile Maurice, dix années dans les dunes du nord l'ont apparenté au réalisme sentimental, alors en vogue. Le recueillement, l'humilité semblent être les seuls sujets, autant que les indéniables limites, de ses travaux d'alors. Les premières récompenses de l'Etat le conduisent en 1892 dans l'Italie des primitifs. Revenu à Paris dans l'effervescence symboliste des années 1890 et tout en appartenant à cette génération en quête d'une poésie nouvelle, il renonce à suivre les traces d'un Gauguin qu'il admire ou de Seurat. Apprécié pour sa gaieté et sa gentillesse, Le Sidaner est avant tout un indépendant.

L'artiste concentre ses recherches sur les effets crépusculaires et peu à peu la rusticité de ses motifs laisse place à une vision plus vaporeuse marquant le début de sa période symboliste. Parti une année à Bruges, ses vues de la ville obtiennent un grand succès au Salon et il signe un contrat d'exclusivité en 1899 avec le galeriste Georges Petit chez qui vont désormais se regrouper chaque année les peintres intimistes au sein de la Société nouvelle.

Au milieu de l'été 1900, Le Sidaner s'installe à Beauvais : " C'est un pays enchanté, par cet extraordinaire automne, écrit-il bientôt à son ami Henri Duhem, je resterai, je crois, plus d'une année à Beauvais ". En quelques mois, il peint une vingtaine de toiles. Au contact des paysages du Beauvaisis, le peintre évoque ces instants authentiques où la nature s'accorde avec le sentiment.

Grâce à Delaherche, en 1901, il découvre Gerberoy sa future maison, décor qui va accompagner sa vie et son œuvre : la remet en état, y reçoit ses amis, le peintre Eugène Chigot, compagnon de toujours, le critique Gabriel Mourey, les peintres et collectionneurs Henri et Marie Duhem. Ses vues de la petite ville, proposées pour la première fois, au Salon de 1902 sont très appréciées. La Table surtout, (acquise par l'Etat) retient l'attention et inaugure une série qui a beaucoup contribué à affermir sa notoriété. Le Sidaner, à la recherche de nouveaux motifs, fait d'incessants voyages en France comme à l'étranger (il expose aussi dans les grandes manifestations internationales) mais rentre à la belle saison à Gerberoy. Il émane une douceur de vivre de ses tableaux qui comptent parmi les plus beaux et les plus représentatifs d'une peinture intimiste (Le Goûter au jardin, musée de Belfast, Intérieur, Boulogne-sur-Mer).

Après l'acquisition en 1904 de la propriété, il transforme la grange en atelier, puis début 1906, y adjoint un atelier d'été. " Ici on travaille au jardin et cela finira par faire quelque chose de bien ". Il crée bientôt une roseraie qui sera à l'origine de la réputation de Gerberoy et qui retiendra l'attention en 1909 du directeur des parcs et jardins de Paris. La même année, Le Sidaner décide avec le maire, la création de la Société des amis de Gerberoy dont la vocation est d'encourager l'embellissement de la commune qu'il s'attache alors à transformer en la faisant bénéficier de son goût pour les décorations florales. Au cours de l'Entre-deux-guerres, Gerberoy devient un lieu de villégiature. Plus encore que par le passé, le peintre consacre une large part de son œuvre à l'évocation du jardin. De 1917 à 1936, il peint une impressionnante série de tables, charmantes évocations, chargées d'émotion et éclantes de vie (La Table. Harmonie blanche, 1927-La Table et la maison, taches de soleil, Gerberoy, 1935).

Gerberoy est aujourd'hui encore considéré comme l'un des plus beaux villages de France.

 

Quelques unes des oeuvres exposées
Cliquez sur les images pour agrandir

Intérieur, 1903
La Table, 1901
La Table au soleil, 1911
La Terrasse de Gerberoy, 1903
Le jardin au clair de Lune
Les Lampions sous la tonnelle, 1924
Le Musée départemental de l'Oise

Ancien Palais Episcopal
1, rue du Musée - BP 618 - 60006 Beauvais cedex
( 33 (0)3 44 11 43 83 - Fax. 33 (0)3 44 48 49 45

Commissariat :
Josette Galiègue, conservateur en chef du Musée départemental de l'Oise
Sylvie Carlier, conservateur au Musée de Douai
Yann Farinaux-Le Sidaner, historien d'art
Pierre Wittmer, historien d'art

Scénographie : Jean-Louis Mylonas

Horaires : le musée est ouvert tous les jours, sauf le mardi de 10h à 18h.
Fermeture exceptionnelle le lundi de Pentecôte (4 juin).

Prix d'entrée : 20F. Gratuit pour les moins de 18 ans.

Accès : par le train : Paris Gare du Nord -Beauvais. Par la route : Autoroute A1, sortieBeauvais-Chantilly, RN1 ou autoroute A16, sortie Beauvais-centre.

Publication : ouvrage de référence illustré et documenté. Editions Monelle Hayot. Prix : env. 200 F.

Contact presse :
Unité Partenaire RMN :
Sylvie Poujade, Marianne Le Marignier
10 rue de l'Abbaye - 75006 Paris
( 33 (0)1 40 13 46 68/46 65 - Fax. : 33 (0)1 40 13 46 75
e-mail : unitepartenaire@rmn.fr

Cette exposition sera ensuite présentée au
Musée de la Chartreuse
à
Douai

du 20 octobre 2001 au 20 janvier 2002.